Comment mesurer la pauvreté ?

Gné ? Oui oui, petit débat nocturne avec mes amis de diapason sur le sens de cette question « Comment mesurer la pauvreté ?« 

Bien entendu, j’ai tout de suite eu en tête un autre débat, mais portant exactement sur le même sujet, organisé à Tana il y a de cela quelques années à la maison Jean Laborde. La question était donc « c’est quoi être pauvre » ? Et ma foi, même si plusieurs pistes avaient été lancées, il faut bien avouer que tout le monde est un peu resté sur sa faim ce jour là 🙂

Vivre avec 2$ par jour fait-il de vous quelqu’un de forcément pauvre ? Selon les critères occidentaux bah oui forcément. Non mais tu te vois vivre en France avec 2$ par jour ? Même pas en rêve n’est-ce pas ?

Et donc, à Madagascar ? La réponse serait plus nuancée. Effectivement, un type pourrait ne « gagner » que 2$ par jour … mais si dans le même temps il avait sa cabane, qu’il pêche son poisson tous les jours et qu’il plante son riz… Peut-on dire qu’il est pauvre ? Selon les critères occidentaux oui. Selon les critères endémiques, non.

Une autre piste avancée serait les fameux ODD, les fameux objectifs de développement durables… mais là encore, un document élaboré et valable .. par et pour les pays du nord ?

On charrie souvent ici même avec le fameux « faut pas comparer avec la France » mais avec le recul, non, c’est pas si decon*nant que cela.

Car en fait, au delà des indicateurs, des chiffres, des comparatifs, la vraie question au lieu de « Qu’est-ce que la pauvreté » ne serait-elle pas plutôt « Qu’est-ce que le bonheur » ?

Effectivement, le type avec ses 2$ par jour, sa cabane et son poisson… qui vous dit qu’il n’est pas plus heureux que le cadre parisien qui touche ses 10k€ par mois ?

Cet indice du bonheur a été quantifié semble-t-il et malheureusement, le pays endémique fait quasiment partie du top 10 des pays où la population éprouve semble-t-il le moins de bonheur à vivre.

Partant de là, 2$ par jour, 81% qui gagnent ce montant voire moins, un indice du bonheur catastrophique : à un moment il faut quand même se rendre à l’évidence : Madagascar va mal. Les Malgaches sont malheureux.

Système d’éducation matoritory, système de soins moyenageux, insécurité, chômage, monnaie faible, inflation, même pas d’accès aux services de base, eau, électricité : difficile d’être heureux dans ces conditions.

Et au final, on se rend quand même compte que même si l’argent ne fait pas totalement le bonheur, et bien il y contribue quand même fortement, et il n’y a pas de honte à l’avouer. Après, si au lieu de le considérer comme un outil contribuant au bonheur mais que vous en devenez l’esclave, là par contre le bonheur vous ne l’éprouverez jamais car le jour où un asservissement quelconque rend heureux, cela se saurait.

Donc du pognon pour aider à construire le bonheur, oui ça, ça marche. Mais du pognon volé, pour corrompre ou encore pour assouvir son 3V et son werawera, ça donne tout ce à quoi vous assistez aujourd’hui. Et surtout, ne l’oublions pas, un peuple malheureux. Mba tongava saina leretsy e.