Antananarivo, 27 janvier 2050

Il est 06:30 du matin, il est l’heure pour toute la maisonnée de se lever et d’aller à l’école et au travail.

Le passage à la douche est une simple formalité, l’eau au robinet sort à profusion, froide, chaude, à la demande. Un petit miracle rendu possible grâce aux chantiers titanesques réalisés il y a une vingtaine d’années, dans les années 2030.

Titanesques car le Président de l’époque, Rafilibera Justin a pris, dès le lendemain de sa prise de fonction, son angady, son couteau et son service 3 pièces. Il a concentré son premier mandat sur 3 points majeurs : une intensification de la riziculture, un triplement de la production électrique et la mise en place d’un vaste réseau de distribution d’eau aux 4 coins du pays.

5 ans plus tard, il a tenu sa promesse. Grâce à la mise en oeuvre de 5 nouvelles mega centrales hydroélectriques, il a multiplié la production électrique non pas par 3 mais par 4 ! Avec de nouvelles possibilités d’extension mais la demande a déjà été largement absorbée, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Le cauchemar des délestages qui faisaient rage depuis 25 ans, depuis 2010, est terminé.

Dans le même temps, Rafilibera a personnellement piloté son nouveau réseau d’adduction d’eaux. 3000 kms de canaux, aqueducs ont été installés dans le pays, sur des tracés qui préfigureront d’ailleurs ceux du futur chemin de fer.

Mention spéciale donc au canal Mandraka-Tana, outre l’alimentation de la nouvelle centrale, rien ne se perd puisque l’eau est ensuite acheminée directement à Antananarivo. La Capitale faisant désormais office de hub pour la redistribution de l’eau aux 4 coins de Madagascar.

Le grand sud a bien entendu été le grand beneficiaire de cette manne aquatique, la région Androy est désormais la nouvelle ceinture verte de la Grande île ! Le kéré des années 2000 n’est plus qu’un lointain et mauvais souvenir.

Des réalisations qui ont également boosté la riziculture. Outre la région historique de l’Alaotra, 5 millions d’hectares supplémentaires ont pu être irrigués, avec des pointes de production à 10 tonnes par hectare, et notamment dans la Haute Matsiatra. Une renaissance et des performances agricoles jamais vues dans les annales de ce pays !

Une cérémonie très particulière s’est d’ailleurs tenue le 26 juin 2033, avec le premier envoi de 10 000 tonnes de vary gasy à l’exportation. Une symbolique forte pour ce pays qui est enfin véritablement devenu le grenier de l’océan Indien, avec en moyenne 2 millions de tonnes exportés chaque année, principalement en Afrique mais aussi en Europe.

Une manne financière annuelle de 2 milliards de dollars, qui a permis au Président Rafilibera, dont la réélection en 2035 n’aura été qu’une simple formalité, d’axer cette fois son deuxième (et dernier) mandat sur l’éducation et l’industrialisation de Madagascar.

5 années qui ont permis à des Silicon Valley de sortir de terre aux 4 coins de la grande île, les cerveaux malgaches ont pu enfin se développer et exploiter tout leur potentiel. Les étrangers se sont d’ailleurs tous précipités pour investir à Madagascar, avec l’arrivée notamment du géant Amazon en 2039. Tout un symbole pour ce pays qui était encore qualifié de « plus pauvre du monde » 20 ans auparavant.

Malgré quelques incidents lors des élections de 2040, Rafilibera a pu faire passer son dauphin, permettant ainsi d’assurer une certaine continuité de l’Etat jusqu’à aujourd’hui.

Madagascar est ainsi devenu un pays où il fait bon vivre, attractif, avec un PIB par habitant de 6000€ par an et un smic de 500€ par mois.

… et nous sommes le mercredi 26 janvier 2022 et je me suis réveillé 🙂