Attendu comme le messie

Une fois de plus, les Malgaches attendent de leur futur Président de la République qu’il soit leur nouveau messie, celui qui va les tirer de leur misère et de leur pauvreté.

Et une fois de plus, ça va être la future mega déception ? Au vu de toutes les promesses dont on les a abreuvé pendant la dernière campagne présidentielle, les attentes et les espoirs sont immenses dans le 4ème pays le plus pauvre au monde.

Dans une précédente chronique, pour aller plus vite, j’avais proposé qu’au lieu de lister ce qui ne marchait pas à Madagascar, c’était plus rapide d’énumérer ce qui marche. Et au final nous sommes arrivés à la conclusion qu’en fait, il n’y a rien qui marche à Madagascar.

Donc en 1825 jours, comment voulez-vous, à l’échelle d’un pays, passer d’un état où rien ne marche à celui où tout va bien ? C’est tout simplement impossible.

Dans un pays où il y a 92% de pauvres qui gagnent à peine 1€ par jour, où les infrastructures sont inexistantes, pas de routes, pas d’électricité, pas d’éclairage public, pas d’eau ? Dans un pays où petit à petit, les gens dans leur grande majorité sont devenus des bêtes sauvages, pire, des voleurs, des bandits, des assassins ?

A Madagascar, l’anormal est devenue la norme. Quand tout part en vrille et que rien ne marche, alors c’est le fonctionnement normal. Il suffit de voir les gens vous regarder avec de gros yeux ronds quand vous tentez de faire des choses qui vous semblent pourtant normales, basiques, évidentes. Sans parler de cette sacrée mentalité de toujours vouloir détourner le système de son utilisation première.

Tenez, prenons une ville nouvelle, que nous appellerons au hasard Tanamasoandro. Construisez-y de larges avenues, de belles routes, de jolies infrastructures.

Combien de temps avant que la plèbe ne “s’approprie” ce bel endroit … et ne le transforme à “sa sauce” ? Combien de temps avant que vos belles avenues ne se transforment en gigantesque bordel marché à ciel ouvert, avec des ordures et des gens qui ch**** et qui piss*** partout ?

Malheureusement, comme nous sommes donc revenus à l’âge des Cavernes, il va donc falloir commencer par le niveau zéro de la pyramide de Maslow, avec les fameux besoins physiologiques primaires : manger, boire, pouvoir dormir. Et commencer à zyeuter l’étage du dessus: se sentir en sécurité.

Donc voila, avant de rêver à Miami ou à la Côte d’Azur, il va d’abord falloir que la plèbe puisse manger, boire, dormir et se sentir en sécurité.

Le elman exagère ? A Tana c’est pas comme ça ? Hélas, Antananarivo n’est pas Madagascar. Antananarivo c’est 6 millions d’habitants sur les 25 millions que comptent la Grande île.

Rome ne s’est pas faite en un jour. Malheureusement, Madagascar ne se fera pas non plus en 1825 jours. C’est aussi simple que cela.

Que faire alors ? Ne rien faire ? Si vous pouvez lire cette chronique, c’est que vous avez la chance de faire partie d’une certaine classe que l’on peut qualifier d’evoluée, par rapport à la plèbe. Le seul conseil que je peux vous donner c’est de faire le maximum pour améliorer vos propres conditions de vie, ou du moins qu’ils ne se dégradent pas et vous ramènent vous aussi vers l’âge des Cavernes.

Car si vous attendez que ce soit le Messie de Iavoloha qui le fasse, vous risquez d’être fortement déçu. Faites comme moi, prenez votre vie en main, traversez la route, et construisez vous-même votre propre destin. C’est comme ça que ça marche. Oui oui, aides-toi et le ciel t’aidera, dans la version courte. Commencez à le faire aujourd’hui, vous me remercierez dans 1825 jours 🙂