Qui peut accéder aux listes électorales ?

Alors que le décompte final du deuxième tour est terminé, il peut apparaître incongru de poser cette question mais je la pose quand même : à Madagascar, qui peut accéder aux listes électorales ?

Le “à Madagascar” est important car en France, aussi étrange que cela puisse paraître, quasiment n’importe qui peut demander à obtenir copie de la liste électorale. Certes c’est assez règlementé, mais en l’état, n’importe quel candidat à une élection par exemple peut légitimement obtenir copie de ce fichier.

Et sauf erreur de ma part, cela n’est pas possible à Madagascar. En y réfléchissant, il y a des avantages et des inconvénients à cette impossibilité.

Le premier gros inconvénient, dans un pays endémique comme le nôtre, c’est que cela semble un peu imprudent de laisser traîner de tels fichiers nominatifs dans la nature. Personnellement, je n’apprécierai pas de savoir que n’importe qui pourrait accéder à mon adresse en quelques clics. Qui plus est en ces temps troubles, kidnapping, insécurité et tout le tralala, non ça ne va pas être possible.

Côté avantage et bien ça saute aux yeux que pouvoir proposer cette liste électorale à chaque candidat qui le souhaite serait un énorme gage supplémentaire de transparence et nous savons tous que nous en avons cruellement besoin en ces temps de méfiance et de suspicions, où il est de plus en plus question d’électeurs fantômes, ou encore d’électeurs qui se seraient abstenus de voter au premier tour et qui l’auraient fait dans un volume suffisant au deuxième.

Donc encore une fois, on voit chez nous les limites de ces processus démocratiques. Ou veut continuer à singer la démocratie dans l’hémisphère nord mais nous sommes loin d’avoir leurs compétences et leur efficacité.

On peut certes féliciter la CENI pour les efforts louables qu’elle a produit lors de ce deuxième tour, sa prise en compte des nombreuses critiques émises lors du premier tour, son âpreté et sa diligence pour le traitement des résultats 24/24, son souci permanent d’être le plus transparent et pédagogique possible.. oui on a senti et vu tout ça, mais malheureusement il manque encore ces petites touches ultimes qui feront que l’élection soit définitivement indiscutable et au-dessus de tout soupçon.

Malheureusement ces petites touches ne sont plus du ressort de la CENI. C’est, comme je l’ai dis plus haut, tout le pays dans sa globalité qui est un problème.

C’est la mentalité locale, c’est la corruption locale, c’est la pauvreté locale, des esprits, des équipements, des infrastructures, c’est tout ça qui fait qu’il est très compliqué pour le moment de voter jusqu’à 17:00, et d’avoir le résultat quasi final 3 heures après, à l’heure du dîner.

C’est avec peu de conviction que j’inscrit cette chronique dans mon carnet de route pour 2028 car vous pensez que d’ici 10 ans la corruption aura été éradiqué ? Que la pauvreté aura été non pas éradiquée elle aussi (ne rêvons pas), mais ramenée à la portion congrue ?

Quand je vois justement la gabegie de ces 10 dernières années, je suis kely finoana pour les 10 prochaines années. Oui, avec ou sans mon angady, un gros doute m’habite et le couteau n’y changera rien.

Mais encore une fois, la majorité s’est donc exprimée et elle a opté pour “iny lalana iny“. Très bien, vox populi, vox dei, allons-y alors.