Condamnation russe : c’est compliqué hein ?

Gné ? L’actu à Tana du moment c’est bien entendu ce soi-disant limogeage du Ministre des Affaires Étrangères, Richard Randriamandrato.

Re gné “soit disant limogeage” ? Oui oui il a bien été remercié c’est un fait, mais j’ai comme l’impression qu’on ne nous dit pas tout dans cette affaire. Ou tout du moins qu’on ne nous a pas expliqué tous les tenants et aboutissants.

On rappelle rapidement le contexte : au tout début du conflit, Madagascar avait refusé de condamner l’invasion russe en Ukraine, optant pour une position “non alignée“.

Puis la semaine dernière, nouveau vote à l’ONU pour condamner cette fois l’annexion russe de 4 régions ukrainiennes. Et là stupeur : Madagascar vote pour cette résolution.

Et c’est là que ça devient très subtil en fait : dans la logique du MAE, et il l’a bien expliqué dans le Monde, il était évident qu’il fallait condamner cette annexion

… dans la mesure où lui même, début novembre prochain, devait partir à Paris pour protester également contre l'”annexion” française des îles Éparses depuis 1979.

Partant de là, la position du Ministre était somme toute logique. Seul petit problème pour lui, il aurait omis d’en aviser sa hiérarchie, qui eux, pour éviter de passer pour des crétins illogiques et immatures, auraient bien aimé que Madagascar s’abstienne de soutenir cette nouvelle résolution de l’ONU.

Bref, gros couac donc au sommet du pouvoir endémique, qui évidemment et logiquement ne pouvait qu’aboutir à cette décision de limogeage.

Ah la la, c’est compliqué les relations internationales hein ? En se mettant à la place du MAE sa décision était très logique. Mais pas de bol pour lui, elle allait donc à l’encontre des intérêt de sa hiérarchie.

Voter contre ou tout simplement s’abstenir de voter pour ou contre cette résolution de l’ONU était donc inenvisageable pour Richard Randriamandrato dans la perspective de ce 2eme round avec les Français, sur les îles Eparses. Cela aurait été perdre la face avant même d’aller à Paris début novembre. Du coup il a voté pour et advienne qui pourra.

Bref, un énorme couac de la diplomatie malgache et malheureusement, le mal est fait : dans tous les cas, on passe pour des guignols sur la scène internationale. Enfin, quand je dis on …

Une leçon à retenir de tout ceci est qu’à un moment dans la vie, comme on dit, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. C’est fromage ou dessert, on ne peut pas tout avoir.

Surtout quand on fait le miolakolana endémique, en faisant des grands écarts improbables pour pouvoir manger à tous les râteliers : à un moment ça coincera quelque part.

Et bien ce moment est donc arrivé hier. Et il y en aura malheureusement d’autres quand on est trop be fikafika.