
Gné, looool, quoi la démocratisation ? 🤣 Au fait, vous savez ce que cela signifie ?
Il y a 2 sens effectivement. Le premier, c’est l’action de démocratiser, de conduire à la démocratie, par exemple la démocratisation d’une ancienne dictature.
Le 2eme sens, et c’est celui qui nous intéresse aujourd’hui, c’est l’action de mettre quelque chose à la portée de tous. Pour être tout à fait transparent, c’est la récente polémique sur les billets d’avion de Tsaradia à 400, 500€ pour des vols intérieurs qui a inspiré cette chronique.
Pour être rentables, la grande majorité pour ne pas dire la totalité des entreprises, des commerces, ont besoin de clients. Plus il y a de clients, mieux l’affaire se porte, le chiffre d’affaires augmente, les bénéfices aussi et au final, les prix peuvent commencer à être tirés vers le bas.
Ça y est, vous commencez à comprendre le problème ? Quand Tsaradia aura 10, 50, 100 appareils … avec un bon taux de remplissage pour ses vols, là oui on en arrivera à la fameuse démocratisation.. et donc baisse des prix.
Et ne rêvons pas, on en est loin encore. Avec ses quelques coucous en état de voler, les rares places coûtent cher, d’où les fameux 400, 500€… Ils feraient aujourd’hui à 40€ euh non je ne crois pas qu’ils arriveraient en l’état à rentabiliser 🤣
On peut aussi prendre l’exemple de l’internet à Madagascar. Vous vous plaignez aujourd’hui que c’est cher mais aux débuts de la commercialisation, il y a une vingtaine d’années, vous saviez que les abonnements c’était genre 10, 20 millions ar … par mois ? Et avec des débits faméliques hein.
Et c’est la relative démocratisation de l’internet, plus la concurrence, qui fait qu’aujourd’hui, vous pouvez avoir une connexion à un prix un peu plus .. démocratique ? Oui c’est toujours cher, eu égard au SMIC et au pouvoir d’achat, mais comparez avec ce que j’ai dit il y a 20 ans.
Et encore une fois, ce sera pareil dans tous les secteurs économiques. Tu as une masse critique de clients, les tarifs se democratiseront. Tu n’as pas cette masse, les tarifs resteront élevés, luxueux, voire prohibitifs pour des prestations somme toutes .. basiques ? Un billet d’avion, une connexion internet, la télé par satellite etc.
Oué les opérateurs et les compagnies se goinfrent et toussa entend-on souvent aussi. Euh oui mais n’oublions pas les investissements initiaux souvent colossaux que ces entreprises ont consenti… et qu’il va bien falloir, à défaut de rentabiliser, au moins amortir ?
Les câbles sous-marins ça coûte cher. Le déploiement de la fibre aussi. Les antennes 4G, 5G, etc. Les avions ça coûte cher aussi… Des centrales solaires, hydroélectriques, ça coûte la peau du popotin, donc toussa à prendre en compte.
Et trouver une masse critique de clients… dans un pays avec 70, 80, 90% de pauvreté ? Vivant avec moins de $2 par jour ? Compliqué hein ?
C’est pour cela que la démocratisation peut prendre un certain temps. C’est l’avantage ici dans l’hémisphère nord où la population dispose d’un bon pouvoir d’achat… donc les nouveaux business peuvent décoller vite… très très vite si le produit est bon, qu’il fasse le buzz, et donc qu’il faut absolument se procurer pour être dans l’air du temps 🤣
Voilà. Loin de moi l’idée de défendre Tsaradia, mais c’est quand même bien de remettre l’église au centre du village comme on dit, pour comprendre certaines réalités économiques… endémiques.
La folie, c’est refaire inlassablement la même chose en espérant, comme par miracle, un résultat différent. Madagascar l’a bien compris : on appelle ça « gouvernance ».
Prenons une société déjà à la dérive, dont les deux actionnaires principaux sont eux-mêmes en perdition : l’État malgache (51 %) et la CNAPS (48 %). Une blague qui n’en est plus une, puisque tout le monde sait que ces sociétés d’État ne sont que des tirelires ouvertes à tous les étages de la chaîne de prédation du Fanjakana. Un peu pour chacun : les gros se servent en haut, les petits grignotent en bas. Chez Air Mad, on ne se contente pas des billets – même les plateaux-repas disparaissent mystérieusement.
Quant à la CNAPS, on peut se demander si ceux qui cotisent savent seulement pourquoi ils le font. En réalité, ils versent… ou ils crèvent. Parfois les deux.
Alors évidemment, il y a toujours les sempiternels yakas-fokeu : « Yaka ouvrir le ciel malgache à la concurrence », « Fokeu investir dans les aéroports », « Yaka libéraliser Air Mad », « Fokeu en faire un low-cost régional à la Air Asia ou Asky ». Mais tout ça suppose une chose : que les prédateurs aient un quelconque intérêt à ce que les provinces deviennent accessibles. Et ça, c’est pas pour demain.
À Madagascar comme en RDC, plus c’est inaccessible, mieux c’est. Moins y’a de routes, plus y’a de marge. Quand on est le seul à pouvoir atteindre une zone, on vend sans concurrence, sans témoin, et sans scrupule. Le jackpot.
D’ailleurs, certains collecteurs en province l’ont bien compris : démonter un pont pour bloquer l’accès à la concurrence ? Facile. Pourquoi partager le gâteau quand on peut s’en gaver tout seul, à l’ombre du néant des infrastructures nationales ?
ah oui lol
ça permet aussi de mettre des hectares de plantations euh … hilarantes a l’abri des regards
Vietnam (Da Nang) > Cambodge en 2018. Le prix d’un billet d’avion… 15$… on est très loin de tout ca