L’impasse

L’Impasse l’un de mes restaurants préférés à Tana ? Euh oui mais aujourd’hui on va surtout parler de la situation politique à Madagascar : une semaine après le début du mouvement des députés frondeurs, nous sommes pour le moment dans l’impasse.

On a coutume de dire à Madagascar que celui qui a le pouvoir c’est celui qui a les flingues. Celui qui contrôle les forces armées donc.

Je tiens le flingue toi tu creuses

Pour cette édition 2018 de nos habituelles crises décennale, le constat est que pour le moment, personne n’a les flingues pour contraindre son adversaire à creuser.

Car le fait majeur de la semaine écoulée, c’est bien cette annonce par les forces armées de leur neutralité : “c’est un problème politique, réglez ça entre vous les politiques, nous les militaires notre rôle se limite à maintenir l’ordre public et neutraliser les casseurs “.

Une attitude qui redore enfin le blason de ces militaires, blason qui a souvent été soumis à rude épreuve depuis 2009.

Mais dans cette République démocratique des mallettes, ce blason est encore fragile et si c’est déjà arrivé une fois, comme en 2009, rien ne dit que cela n’arrivera pas de nouveau.

Donc une résolution politique de cette crise est plus que souhaitée, et dans les meilleurs délais s’il vous plaît merci.

Ceci étant et vu l’escalade, la question qui se pose est combien de temps est-ce que le Président Hery Rajaonarimampianina pourra tenir. Depuis 1972 nous avons l’expérience de ce genre de crise, et on sait que la grève générale n’est plus qu’une question de temps.

Or sans l’Administration et ses 100 000 fonctionnaires, ce pays sera tout simplement ingouvernable. Et c’est bien ce qui risque d’arriver dans les prochains jours.

Donc que fait-on ? Où va-t-on ?

La réponse est que personne n’en sait rien.

On se rappellera avec une certaine ironie l’intitulé de l’élection en 2013 : “Election Présidentielle de sortie de crise à Madagascar“. Un intitulé bien ronflant qui n’a pas réussi à masquer la coquille vide qu’était cette mascarade d’élection triple ni et qui n’a résolu rien du tout depuis 2014, la preuve. Oui oui il fallait prendre sa b*** et son couteau mais pas seulement, n’est-ce pas le CFM par exemple ?

Et toujours avec une certaine ironie, on nous envoie de nouveau les mêmes médiateurs comme en 2009, pour ne citer que le cas de M. Chissano.

Et on va encore nous ressortir les mêmes vieux concepts éculés comme “GIC“, “feuille de route“, “chefs de file“, “chefs de mouvance” et autre “gouvernement de consensus et d’union national” ? Ataovy sérieux lereitsy ô. Oui, dans vos commentaires sur actutana, vous rappellez à juste titre que “la folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent” (Albert Einstein). Et bien nous y sommes de nouveau en plein dedans.

Le second point positif que j’ai relevé jusqu’ici, et j’en ai déjà un peu parlé dans ma précédente chronique, c’est que nous pouvons sentir une certaine retenue de la part des protagonistes dans cette crise. 2009 est sans doute passé par là et personne ne veut plus être taxé de putschiste. Car il y aura l’après crise et l’étiquette “putschiste” est assez handicapant pour gouverner, n’est-ce pas ?

Côté Hery Rajaonarimampianina, on fait comme si de rien n’était et on veut montrer que “le Président travaille“. Oui, entre 3 à 6 mois avant la fin du mandat il était temps persifleraient ses opposants.

Donc une semaine bientôt depuis le début des hostilités, voilà où nous en sommes : l’impasse déjà.

Et c’est généralement dans ces moments là que des esprits mafana et excités commencent à échafauder des plans tordus.

… et souvent sanglants.

Tiens d’ailleurs quelqu’un a vu Coutiti ?