Je suis un peu dubitatif quant à l’adéquation du fédéralisme suisse pour développer Madagascar sans autres conditions. L’imposition de leur système à Madagascar nécessite beaucoup, beaucoup de modifications sur la mentalité des Malgaches et leurs dirigeants !
La première différence fondamentale avec la mentalité malgache est que les Helvètes sont fiers et autonomes. C’est un peuple qui n’attend pas nécessairement d’aide de l’état ! Le peuple suisse n’est pas aussi infantilisé que les Malgaches. Je pense même qu’ils ne sont pas aussi infantilisés que les Français ! Pas de « mangata reee » à tout bout de champ ! 
Le second verrou qui ne permet pas la mise en place du fédéralisme suisse à Madagascar est tout simplement le manque de discipline ! C’est un point essentiel ! Avec notre manière de vivre, on est à mille lieues, voire à un million de lieues de pouvoir mettre en place ce genre de fédéralisme. Les cantons suisses sont différents les uns des autres mais un des points fondamentaux est la discipline avec le sens du bien commun (dans chaque canton et entre les cantons) ! La propreté légendaire des villes suisses n’est pas que légende, elle n’est que la partie visible et évidente de la discipline !
Un troisième point est l’existence de corruption généralisée à Madagascar ! Je ne crois pas que la corruption soit absente en Suisse, loin de là ! Mais si tu te fais prendre, la main lourde de la justice est efficace ! Les pouvoirs judiciaires et exécutifs (et aussi législatif) sont suffisamment indépendants pour être effectifs. Il y a une réelle maturité des gouvernants, et les forces économiques jouent un rôle important dans la vie du pays, non seulement les grands groupes mais aussi les petites et moyennes entreprises. Chez nous, sans éradication au maximum de la corruption, on risque fort de bâtir une nation de roitelets formés de malfrats et de filous !
Et la liste n’est pas finie, elle est très très longue.
Ceci étant, ne nous méprenons pas ! Je suis très fan du système suisse (j’y ai vécu et travaillé plus de quinze ans et ensuite j’ai toujours eu des projets en relation avec la Suisse depuis). Je suis absolument convaincu que leur système est le meilleur pour eux, car c’est le résultat au fil des siècles de la mentalité du peuple suisse et de l’évolution de leur économie, notamment après la seconde guerre mondiale ! On peut en tirer multitude de leçons et de stratégies bénéfiques. 
Je pense que Madagascar devra vivre son propre histoire (en s’inspirant de ce qui se passe ailleurs notamment en Suisse ou en Allemagne – fédérale -, …) pour finalement atteindre son propre système, il n’y a pas de remède miracle ! Mais impérativement, ce sont les Malgaches qui devront évoluer en premier et mettre en place des dirigeants (successifs sur quelques générations) dignes de ce nom pour pouvoir avancer dans le bon sens. Avec le contexte international, nous avons la chance de pouvoir discerner ce qui serait bon, et rejeter ce qui serait inadapté pour bâtir ce futur. Où sont les soit-disants et pseudo-intellectuels ? 
Entre parenthèses, la mise en place des 22 régions, du temps de Ravalomanana fut un beau commencement dans cette évolution, mais depuis 2009, patatras ! Notamment, la désignation par le « mamimbahoaka » des gouverneurs mais non leur élection démocratique a été un frein majeur pour casser cette décentralisation. C’est une reprise en main du central, fatale ! Les dirigeants qui sont venus après manquent de vision ou alors semblent n’avoir rien compris quant à l’importance de ce début de décentralisation timide mais effectif. Ou tout simplement, ils n’en voulaient pas pour garder la main ! La précédente tentative de Ratsimandrava avec le Vatoeka et le Fokonolona fut tuée dans l’oeuf dès les années 70 ! 
Le reste, nous en sommes témoin … Il est long, il est long le chemin papa 🙂