
À Madagascar, depuis le 25 septembre, un vent nouveau souffle dans les rues et sur les réseaux sociaux. La peur qui paralysait la population pendant des années, qui étouffait toute voix dissidente, semble aujourd’hui avoir changé de camp. La Génération Z, en première ligne du mouvement de contestation actuel, a fait tomber une barrière invisible qui réduisait au silence des milliers de citoyens.
Il fut un temps où chaque tête qui dépassait, chaque voix qui osait s’élever contre le pouvoir en place, était rapidement muselée. Arrestations arbitraires, poursuites judiciaires pour des motifs futiles, intimidations quotidiennes : tels étaient les outils du régime pour faire taire l’opposition. Dans ce climat de peur et de répression, manifester était un risque énorme, un acte de courage rare.
Mais aujourd’hui, la donne a changé. La détermination des jeunes de la Gen-Z a galvanisé la population. Les mobilisations pacifiques se sont multipliées, rassemblant des milliers de manifestants dans les villes et quartiers populaires. Cette fois, ce ne sont plus les citoyens qui craignent la répression, mais bien les partisans du régime qui se font plus discrets.
La preuve : dans les rues, les couleurs orange, longtemps identifiées au pouvoir et à son parti, ne sont plus arborées ouvertement par les manifestants pro-régime. Volontairement ou par peur, ceux qui défendaient autrefois le pouvoir hésitent désormais à afficher leurs signes d’appartenance. Cette discrétion nouvelle témoigne d’un retournement de situation inédit.
Sur les réseaux sociaux, les voix les plus virulentes en faveur du pouvoir ont quasiment disparu. Là où il y avait autrefois des défenseurs bruyants et visibles, ce sont maintenant des comptes anonymes, souvent factices, qui tentent de faire entendre une parole pro-gouvernementale. Ce silence des “grandes gueules” habituelles traduit le recul symbolique et social de ceux qui ont longtemps dominé le discours public.
Le mouvement Gen-Z a ainsi fait basculer la peur. Les citoyens libres de manifester et d’exprimer leurs revendications sans crainte montrent que le rapport de force s’inverse. Le pouvoir, qui contrôlait par l’intimidation, doit désormais composer avec une société civile réveillée, organisée et déterminée à ne plus se laisser museler.
Ce changement de paradigme est un signal fort pour Madagascar. La peur n’est plus l’outil du pouvoir, mais un poids que celui-ci porte désormais face à une jeunesse plus courageuse que jamais. La peur a changé de camps.
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A Madagascar, Andry Rajoelina perd la bataille de la rueLe président malgache n’est pas parvenu, samedi, à mobiliser ses partisans, pour manifester leur soutien, après dix jours de soulèvement de la génération Z.
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