L’espoir fait vivre mais malheureusement, une analyse réaliste et sans fard remet très vite les points sur les i : non vos problèmes d’eau n’iront pas en s’arrangeant. Bien au contraire.
Surpeuplement, dérèglement climatique, déforestation : la cadence ne suit plus. Les scènes de désolation qui viennent du grand sud remontent petit à petit vers le nord. Le « petit à petit » est très relatif car une fois que ça commence à atteindre la région densement peuplée d’Analamanga, tout ce qui est manque et pénurie accélèrent très rapidement. Et c’est bien ce qui est en train de se passer.
La terre rouge et brûlée, ça y est, nous y sommes donc. Et qui va devenir de plus en plus aride, très rapidement. Ces millions d’individus concentrés dans cette région vont rapidement épuiser toutes les ressources disponibles. Et notamment l’eau.
Ces scènes de bidon jaune iront en s’accentuant. Ce que je raconte n’est pas de la science-fiction halako bika tsy tiako tarehy : j’ai observé l’évolution des choses depuis 2009 et année après année, j’ai bien pris la mesure de la dégradation de ce secteur de l’eau à Antananarivo.
Il y a 4-5 ans, j’avais commencé à évoquer cet achat de bidon bleu à Isotry. Et depuis, la situation n’a eu de cesse de se dégrader. Par contre, à l’époque, sur une durée de 24 heures, on avait encore quand même une petite fenêtre d’ouverture de quelques heures pour remplir son bidon bleu de 250 litres.
Tandis qu’aujourd’hui, ce n’est plus sur 24 heures, mais ça se compte en jours, voire en semaines. Kay, des semaines sans la moindre goutte qui sort du robinet ? Je sais pas si vous vous en rendez bien compte mais c’est très grave ce qui est en train de se passer aujourd’hui. L’eau c’est la vie. Pas d’eau c’est la mort assurée. Et rapide.
Il y a quelques années on entendait déjà parler de problèmes d’eau du côté d’Ambatomaro, Itaosy, Andoharanofotsy et autres Iavoloha. Aujourd’hui je n’ose même pas imaginer. En fait si, il suffit de lire les réseaux sociaux.
Traditionnellement, on attend la saison des pluies vers octobre novembre. Mais là encore, vous voyez bien que depuis quelques années, il y a un gros problème. Les précipitations sont devenues rares. L’Ikopa à sec ne sera malheureusement plus une image exceptionnelle.
Bref, le gros laxisme sur la préservation de la couverture verte commence donc à se payer cher. Très cher. La nature est ainsi faite : il y a des arbres, ça va attirer l’eau, les pluies. Il n’y a pas d’arbres, ça n’attirera plus rien du tout. Donc comme tout a été transformé en charbon, les Malgaches ont littéralement scié les branches de l’arbre sur lesquelles ils étaient assis. Au propre comme au figuré.
Et là comme d’habitude, ça va commencer à être le mikoropaka : mince l’elman il a raison, du coup on fait quoi, on est dans la mer*de là non ?
Et pas qu’un peu. Je crois que vous y êtes jusqu’au cou là. Barrez-vous avant d’être totalement submergé. Car quand on a comme priorité que les colisées et les téléphériques, et aucun plan d’action de combat volontaire et décidé pour l’eau, l’apocalypse n’est pas en train de frapper à vos portes.
Il est déjà rentré et a commencé à prendre ses aises.
En dernier recours il restera le stade de Mahamasina qui retient bien l’eau de pluie!(ainsi que le lac Anosy: »faut pas cracher dans la soupe disait grand-mère! »)
Merci pour cette piqure de rappel. Ceux qui ont le privilège de se promener du côté de Mantasoa, Antelomita et Tsiazompaniry ont certainement remarqué un abaissement important du niveau de ces réserves d’eau. La principale cause est le déboisement massif en amont pour la fabrication de charbon et de toaka gasy, aggravée par une monoculture d’eucalyptus qui assèche toute la région. Malgré la pénurie, il n’y a absolument aucune mesure prise sur tana ville. C’est toute une politique forestière financée par les redevances qu’il faudra revoir avant de s’aventurer sur le terrain inconnu et jamais expérimenté de la restauration.
L’APIPA doit publier un bulletin quotidien du niveau de l’eau dans la plaine de Tana et non seulement quand les risques d’inondations sont élevées